Il est presque 21 heures, Sonia est partie il y a environ trente minutes.
J’ai toujours faim, les quatre yaourts sont déjà loin, et je suis seul allongé sur le dos dans mon lit barricadé.
mon AVC
Récit sur la crise initiale et les premiers jours qui ont suivi
Le fric, toujours le fric.
Sonia est en train d’approcher la table de lit lorsque surgit une femme en imperméable demi-saison, sacoche dans une main et porte document dans l’autre: c’est l’agent d’Happytal.
Unité de Soins Intensifs Neurologiques : 1er après-midi.
Je reste comme de longues secondes, une sorte de torpeur. Un moment au bord de l’abandon, l’envie que le temps soit suspendu pour décider.
Mais le temps presse.
Désagréable moment
Il est environ 17h lorsque la faim commence vraiment à se faire sentir et ne me laisse plus somnoler.
Je suis certes épuisé, mais surtout: je suis affamé!
Hospitalisé en USIN? ce n’est pas l’endroit pour trouver un job.
Certes je suis en train de subir un thrombolyse, j’ai toujours mon côté droit paralysé, mais je pense en permanence à ce rendez-vous avec cette PME industrielle pour prendre la direction de leur projet ERP.
Unité de Soins Intensifs Neurologiques – premier matin
Mon coeur, je suis là – dit Sonia en me caressant la joue.
J’ai besoin de la rassurer : comment lui faire comprendre que je sais toujours qui je suis, qui elle est, que mes souvenirs me semblent complets?
Thrombolysé
Je quitte la salle radio où je viens de passer ma première IRM et mon lit file à vive allure dans un dédale de couloirs.
Je ne perçois plus tout ce qui se passe autour de moi, je distingue juste des silhouettes qui s’activent, dans les rares moment où je parviens encore à ouvrir les yeux.
L’IRM confirme mes AVC
Je reste les yeux clos, je relâche les muscles de mon dos, je veux me détendre.
Soudain, j’entends de forts bruits de pas dans le couloir.
A peine le temps d’ouvrir les yeux que tout se précipite autour de moi.