Désagréable moment


Ceci est le quinzième chapitre du récit de mon AVC. Pour commencer par le début de l’histoire, c’est ici.

dispositif médical gradué pour homme
La première utilisation d’un « dispositif médical pour homme » – voir note : vous avez déjà tenté?
Photo d’après le catalogue smsp.

Il est environ 17h lorsque la faim commence vraiment à se faire sentir et ne me laisse plus somnoler.

Je suis certes épuisé, mais surtout: je suis affamé!

A force d’insister, Sonia va chercher une infirmière. Elle me demande comment je me sens et si les nausées on disparu.

Adieu le burger…

Je ne dirais pas que je suis en forme, et je met les nausées sur le compte du fait que je n’ai rien avalé depuis environ trente heures.
J’évoque environ mon envie de burger.

– « J’ai pas cela ici. Et de toute façon là il va falloir prendre du très liquide ou des aliments mixés pour éviter de faire une fausse route. »

Du mixé? L’idée m’est étrangère et peu inspirante. Je veux me redresser d’un bond dans mon lit. Mais comme mon côté droit est trop faible je pivote et m’affaisse. L’infirmière se précipite.

– « hop hop hop.. hop hop! Non, non. Vous devez rester allongé complètement, et ne relevez pas la tête surtout.
Vous comprenez ce que je vous dit, là? ».

« Oui ». Evidemment que je comprends ce qu’elle me dit.
Elle poursuit d’un ton ferme.

– « C’est important, restez bien allongé. Comme vous comprenez, je vous fais confiance et on ne vous attache pas, mais si vous vous relevez on aura pas le choix ». En même temps, elle me réinstalle droit dans le lit et remonte les barrières anti-chutes.

Elle vient de tuer toute idée de bon repas d’ici ce soir, et mon esprit voit le burger s’envoler… bien loin.

Dépité, allongé, je referme les yeux. Et pour la toute première fois depuis ma crise d’accidents vasculaires cérébraux, je réalise que je suis hospitalisé. Je ne peux pas partir.

… et bonjour « le dispositif médical pour homme »!

Même pas le temps de m’attarder sur cette idée que l’infirmière revient.

– « Je vais vous faire une échographie de la vessie. » Puis s’adressant à Sonia: « Vous sortez s’il vous plaît, je n’en n’ai pas pour longtemps. »

L’examen dure 15 secondes maximum.
– « Ouh la! 1500 ml, c’est énorme. Normalement au delà de 500 ml il faut sonder. Faut faire pipi maintenant monsieur ».

Bien sûr, et je fais comment? sois cohérente jeune fille: tu viens de me dire que je devais rester totalement allonger et là tu exiges que j’urine. Y’a pas une incohérence?

Je n’ai pas le temps de réfléchir que l’infirmière me tend le « dispositif médical pour homme » – un très beau modèle avec graduation exactement comme sur la photo – que j’attrape de la main gauche.
Elle retire le drap du lit d’un geste rapide, et part en ajoutant:

– « Je vous laisse tranquille. Vous avez dix minutes, si vous y arrivez pas je sonde. »

Quand ça veut pas, ça veut pas.

Alors là, l’idée me fait paniquer: je n’ai pas du tout envie d’être sondé, ça va quoi, la journée est assez pénible comme cela. La sonde urinaire pour homme je vois bien la taille que ca fait et par où ca doit rentrer.

Tout n’est pas perdu: j’ai 10 minutes devant moi.
Je me parle : « Francis, focus sur l’objectif: vider ta vessie.
Est-ce que tu as envie?
– Non.
Ok, mais nous savons qu’elle est pleine: 1,5 L à purger.
Point positif, nous allons pouvoir contrôler le volume sorti puisque le machin est gradué. »

Je rappelle l’infirmière: « J’ai besoin d’un coup de pouce: pouvez-vous faire couler l’eau, et fermer la porte du box, je dois me concentrer ».

– « OK, mais dix minutes, pas plus ».

Je ne réponds pas. Elle s’en va, l’eau coule, la porte est presque fermée.

Je positionne l’engin d’une main et le maintien en place en m’allongeant.

Je n’ai pas envie de pisser, je pense à la sonde, mon imaginaire me fait presque paniquer et je dois me ressaisir.


*note:
Facebook, que j’utilise pour promouvoir mon blog, a blacklisté tout le site car j’utilisais un terme médical « qui ne respecte pas les standards de communication de Facebook », j’ai du changé la dénomination du-dit « ustensile qui permet de soulager un besoin naturel quand on doit rester allongé ».
Comme cette péri-phrase me semblait longue, j’ai adopté le terme « dispositif médical pour homme« .

Cher lecteur, « Veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée », comme on dit dans les transports en commun inefficaces.

Soyez prévenu par email de la parution du prochain chapitre

Remplissez ce formulaire et inscrivez-vous gratuitement à ma newsletter.

[sibwp_form id=2]

Un commentaire

Laisser un commentaire

UA-154130358-1