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Ma première nuit en unité de soins intensifs neurologiques


Ceci est le quinzième chapitre du récit de mon AVC. Pour commencer par le début de l’histoire, c’est ici.

sentiments mélangés pour cette première nuit aux soins intensifs
confusion, hémiplégie résiduelle, fatigue, et derrière une boule d’émotions.
D’après une photo par Michel Marin de FreeImages

Alors que ce sont les jours les plus longs de l’année, il fait déjà presque nuit dans mon box.

Il est presque 21 heures, Sonia est partie il y a environ trente minutes.
J’ai toujours faim, les quatre yaourts sont déjà loin, et je suis seul allongé sur le dos dans mon lit barricadé.

Dire que ce matin en me réveillant je pensais signer un contrat de mission avant la fin de la journée, et fêter cette bonne nouvelle en nous offrant un dîner au restaurant ce soir, éventuellement en terrasse.

Il n’en n’est rien.

J’essaie de contrôler mon côté droit

Je suis seul, à moitié nu dans un lit de l’unité des soins intensifs neurologiques de l’hôpital d’Orsay. Je repense à cette journée complètement folle, sans parvenir à établir la chronologie des évènements.

Tout se mélange, tant au niveau des idées que des émotions. Plusieurs fois, je me surprends a retenir un sanglot qui monte. C’est idiot ces larmes, tout va bien tu es vivant.

Régulièrement, j’essaie de lever ma jambe. C’est difficile, cela vibre, j’ai l’impression d’avoir un Parkinson avancé. Mon pied retombe à chaque fois.

Je regarde aussi ma main droite et je joue à faire toucher chacun de mes doigts avec mon pouce. J’y parviens: c’est magique, c’est amusant, c’est merveilleux.

L’infirmière revient.
– « Comment vous-vous sentez? »

Tandis que je lui raconte mes exercices, elle tempère mon enthousiasme.

L’heure du coucher, déjà

– « Allez-y doucement et reposez-vous surtout. Vous n’avez pas dormi de la journée. « 

Elle continue en réalisant les gestes de son protocole de soins: noter mes constantes sur une grande feuille attaché à une tablette en bois.
Elle prend ma tension, et moins agréable, me pique le doigt pour prendre ma glycémie.

– « Vous voulez que j’éteigne la lumière. »

En fait, la lumière que je prenais pour « le soir », ce sont les néons au dessus du plan de travail situé à ma gauche qui éclaire la pièce.
Elle actionne l’interrupteur et le box plonge dans l’obscurité.
« Quelle heure est-il? »

– « 22h30 passée, reposez-vous »

Tout occupé à faire mes exercices, je n’avais pas l’impression que cela fait si longtemps que je m’active, pas étonnant que je commence à me sentir flapi.

« Passez-moi mon téléphone, s’il vous plaît, je vais appeler ma femme. »

L’infirmière me donne mon portable et je la remercie tandis qu’elle quitte une nouvelle fois mon box.

Le téléphone entre les mains, j’attends avant de composer le numéro.

Qu’est-ce que je vais bien pouvoir dire à Sonia de plus? Elle est restée toute la journée à côté de moi, elle connaît la situation.
Déjà, je peux l’appeler pour lui dire merci et que je l’aime. Ensuite, la conversation se poursuivra ou s’arrêtera selon notre envie.

[Voici un moment embarrassant: je n’ai aucun souvenir précis de cette conversation avec ma femme, Sonia.]

Accorder mon état intérieur

A peine après avoir raccroché, voici qu’un nouveau sanglot arrive. Comme je l’ai fait les fois précédente, je le bloque, puis je prends une profonde inspiration.

Je ferme les yeux, débute un dialogue intérieur.

« Ecoute, tu vas pas bloquer tes sanglots comme cela, ce n’est pas sérieux. Tu as vu ce qu’on a vécu aujourd’hui, on a peut être le droit de relâcher la pression, non? »

« Oui, tu as raison. Cela a été dur pour nous. Vas-y, lance ce que tu veux, je suis prêt à l’accueillir, je laisserai passer ».

Toujours les yeux clos, une grande inspiration me vient naturellement. Je maintiens l’air sans volonté consciente et je sens un énorme sanglot se former, je laisse les choses arriver. Mes joues se tendent, ma bouche se crispe, de grosses larmes coulent de mes paupières: je suis en pleurs.

Je ne cherche ni à comprendre, ni à reprendre le dessus sur ce qui m’arrive: je laisse passer. Je ne sais pas combien de temps j’ai pleuré. Suffisamment longtemps que pour purger ce trop plein de tension.

Epuisé, également calmé par cette session, je m’endors pour ma première nuit en unité de soins intensifs neurologiques.


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2 commentaires

  • CHANTAL EYMARD

    23 juillet 2021 at 13 h 40 min

    Arnaque médicale et perte de son permis de conduire en 24h »chrono ». Sachez le avec 12 points, aucune infraction pénale, 45 ans de conduite, 55% de bonus, vous allez payer près de 300 euros de votre poche pour récupérer votre permis que vous avez jamais perdu. Celà représente 1 médecin d’état qui vous retire votre permis à la sortie de l’hopital, un psychologue pour vous faire passer des tests psychotechnique, à nouveau le 1r médecin qui va tenter de vous redonner votre permis avec un formulaire pour la préfecture et les 3 taxis aller/retour puisque vous ne pouvez plus conduire. La cause, un AVC. Punis puisque malade telle est la nouvelle devise réglementée par une « police médicale d’état » qui vous supprime en quelques minutes votre permis à qui meme un ivrogne ou drogué on ne supprime que ses points. Est-ce légal? Déjà un mois de passé ou j’aurai du retrouver mon permis et adieu mon mois de juillet pour voir mes enfants et petits enfants hors région. Je me retrouve donc à pied (sinon taxi de ma poche) pour faire mes courses au plus près à 1 km depuis 3 mois. De plus ces contrariétés et stress me font régulièrement des hausses de tension alors qu’on me soigne pour celà chercher l’erreur. Cerise sur le gateau mon permis sera valable que pour 2 ans et il me faudra bien sur repayer le 1er médecin, revoir avec la préfecture et je n’espère pas le psychologue. De qui se moque t’on si ce n’est que de mon porte monnaie. Il faut savoir que les demandes à la préfecture se font uniquement en ligne et j’en suis à la 3ème toujours rejetées pour manque d’un papier ou quoi que ce soit impossible d’avoir quelqu’un au téléphone. C est très compliqué. Si j’avais su tous ces problèmes à l’avance, le service neurologie ne m’aurait jamais vu à moins bien sur en cas d’inconscience totale, ce qui n’était pas mon cas et surtout pas de ne pas pouvoir conduire.
    C’est l’enfer à vivre.
    Merci de votre attention
    MR EYMARD Jean-Jacques

    Répondre
    • Francis VERDET

      16 septembre 2021 at 11 h 45 min

      Bonjour Jean-Jacques,
      Dans les 300€ que vous évoquez je comprends qu’il y a les frais de taxis.
      C’est sûr que cela monte vite et je partage totalement votre sentiment d’injustice – il m’arrive encore d’en rêver la nuit.
      Cela étant : ne regrettez pas d’avoir bénéficier des soins de la neurologie, vous auriez pu avoir d’autres conséquences graves sur votre santé si vous n’aviez rien fait.

      Bon courage à vous.
      Francis

      Répondre

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