Le fric, toujours le fric.


Ceci est le quinzième chapitre du récit de mon AVC. Pour commencer par le début de l’histoire, c’est ici.

Les télés sont louées par une société extérieure
Je remarque seulement la télévision retournée car même en soins intensifs, il faut la louer à une « société extérieure ».
Photo personnelle juin 2019

19h15 – l’infirmière passe une nouvelle fois vérifier mes perfusions et me demande comment ça va.
Je me sens faible, en fait je ne pense qu’à manger. J’ai bien compris que je n’aurai pas de burger aujourd’hui, mais j’espère avoir un plateau repas.

-« Pour les plateaux, je ne pense pas qu’il en reste. On a des yaourts. Je peux vous apporter deux yaourts si vous voulez? »

Deux yaourts, attends, c’est tout? C’est loin de caler l’appétit d’un Francis affamé! Je reste calme et lui réponds simplement:

« Je meurs de faim, apportez tout ce que vous trouverez. »

L’infirmière s’en va. Sonia est toujours là, elle n’a rien dit. Nous échangeons un regard, je lis de l’inquiétude dans ses yeux et je la rassure : « Je vais bien, je t’aime ».

Christina, la joviale aide soignante

Voici une aide soignante qui arrive, tout sourire.

– « Bonjour, je m’appelle Christina. Alors vous avez faim, c’est bien ça!
Bon, j’ai trouvé que des yaourts. Je vous apporte deux nature, un vanille, un fraise et un banane. »

« Vous pouvez garder le goût banane, je prends le reste ».

– « Vous avez finis votre perrier, je vous en apporte un autre ».

Christina me donne tout de suite l’impression d’une petite femme pétillante, je la trouve très maquillée pour faire un job d’aide soignante, et – vous savez quoi – cela n’a absolument aucune importance! Ce qui me semble important en revanche, c’est sa gentillesse et sa prévenance.

Le sbire commercial pour la télévision

Sonia est en train d’approcher la table de lit lorsque surgit une femme en imperméable demi-saison, sacoche dans une main et porte document dans l’autre.

Elle rentre rapidement dans mon box et se plante au pied de mon lit.

-« Bonsoir, je voudrais savoir si vous voulez la télévision.
C’est 8€ par jour. » dit-elle d’un ton sec, en faisant un geste désignant un meuble colonne.

Son formulaire est prêt et elle a le stylo en l’air. Elle me regarde fixement et attend.

Je regarde dans la direction qu’elle a désigné et j’aperçois l’arrière d’un téléviseur, l’écran est tourné vers le mur. Franchement, je n’en sais rien et là télé, pour l’instant mais je m’en moque à un point…

Sonia, répond: « Non merci, pas pour l’instant ».

– « Ah ben oui, mais là on n’est vendredi, faut me dire tout de suite et je reviens pas avant lundi soir, alors le weekend peut être long, sans la télé. »

Le ton de sa voix est devenu un cran plus sec, ce qui semble visiblement exaspérer Sonia qu’il lui répond immédiatement.

« Non merci. On est réanimation, mon mari a failli mourrir aujourd’hui alors la télé on peut s’en passer. »

– « D’accord, je repasserai lundi de toute façon.
Au revoir. »

La location de télé rend mal à l’aise

Pas le temps de lui répondre qu’elle a déjà tourné les talons et doit se trouver dans le box adjacent. Sonia et moi, sommes abasourdis par cet intrusion surréaliste. La discussion a durer à peine deux minutes.
L’aide soignante revient avec le Perrier et Sonia lui demande:

« C’était qui cette femme en imperméable qui voulait nous vendre la télé? »

– « Ah elle? C’est la dame d’une société extérieure, maintenant c’est elle qui gère les télés. Tout est comme cela, une autre société s’occupe des chambres individuelles et vendent d’autres trucs. »

« Ils n’y vont pas avec le dos de la cuillère en tous cas, 8€ la journée pour une télé de 50cm, elle est vite amortie. » réagit Sonia.

Sourire gêné de l’aide soignante qui n’en dira pas plus. Elle ouvre mes yahourts, me donne une cuillière en me demandant si je peux manger de la main droite. Mon bras est faible mais j »arrive à le faire bouger.

De toute façon, mon bras gauche est garni de cathéters et de perfusions, je ne vois pas trop comment je ferais. Sonia lui répond qu’elle va s’en occuper.

– « D’accord, je vous laisse. Seulement vous mangez doucement sur le côté, vous ne relevez pas la tête. Faites attention à bien manger doucement et à ne pas vous étouffer. »

On se révoltera plus tard… peut-être

Tandis que je mange doucement, l’un après l’autre mes quatre délicieux yaourts, Sonia et moi échangeons autour de l’intrusion de la commerciale.

Du point de vue gestion de la relation c’est déplorable, encore un cas ou un prestataire privée donne l’impression d’avoir trouvé une niche pour siphoner l’argent public de la CPAM et celui des mutuelles.

Je me révolterais bien, mais cette affaire me donne un sentiment d’impuissance total. Sonia voit que je m’énerve et me calme.

« On s’en fout de cette bonne femme, ce qui compte c’est que tu sois vivant et que tu bouges a peu près ton bras. »


Cet article a été modifié le 27 février 2020

Le présent article est paru la première fois le 18 février 2018 sous le titre : « Happytal ne perd pas de temps pour prendre des euros.« 
Dans un commentaire laissé le 25 février 2020, que vous trouverez ci-dessous, la société Happytal affirme ne pas être le prestataire du GHNE d’Orsay pour la location des téléviseurs.
Je n’ai pas pu obtenir le nom de cette société pour le moment, si vous avez des informations sur le sujet, je vous remercie de me laisser un commentaire.

J’ai à coeur de garantir la véracité de mes propos sur ce blog, comme je l’indique dans le manifeste, aussi, j’ai décidé de retirer les mentions relatives à Happytal dans ce chapitre.


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2 commentaires

  • happytal

    25 février 2020 at 17 h 00 min

    Monsieur Verdet,

    happytal a pris connaissance de votre retour d’expérience via votre blog francisverder.fr.
    Nous avons tout de suite été très étonnés par l’ensemble de vos propos, ne reflétant pas du tout le comportement et le savoir-être de nos concierges happytal au sein des établissements de santé. Nous avons alors très vite compris les faits … il y a malheureusement un gros malentendu. Nous sommes navrés que l’aide soignante que vous décrivez dans votre blog ait mentionné le nom d’happytal car il s’agit là d’une erreur : nous ne gérons absolument pas la TV à l’hôpital d’Orsay. C’est sous la responsabilité d’une autre entreprise.
    Nos concierges, quant à eux, sont parfaitement reconnaissables car vêtus d’un polo rose avec le logo happytal. Ils sont là pour vous apporter tout le confort nécessaire souhaité durant votre séjour (pause gourmande, divertissement, prestations coiffure, etc). Nos équipes sont très souriantes et sont toujours à l’écoute des patients.
    Je vous invite à découvrir nos services sur notre site et reste à votre entière disposition pour échanger.

    En espérant que suite à ces explications, vous puissiez mettre à jour votre blog.
    Nous vous souhaitons une excellente fin de journée,

    happytal

    Répondre
    • Francis VERDET

      27 février 2020 at 14 h 38 min

      Bonjour Happytal,
      Je vous remercie pour votre message, connaissez-vous le nom de l’entreprise en question?
      Je vais mettre à jour l’article en conséquence, et retirer « Happytal » de l’illustration., mon objectif est simplement de relater la réalité de ma perception, le plus justement possible.
      Je vous souhaite une bonne journée.
      Francis VERDET

      Répondre

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