Les pompiers et le SAMU arrivent


Ceci est le deuxième chapitre du récit de mon AVC. Pour commencer par le début de l’histoire, c’est ici.

La caserne des pompiers de Massy
Le centre d’incendie et de secours de Massy d’où est parti le camion qui m’a sauvé.

Je me laisse glisser sur le carrelage des toilettes et je demi-rampe-par-la-gauche jusque devant la porte d’entrée où je m’allonge sur le dos.

C’est quoi le code?

Je tends l’oreille pour suivre la conversation entre Sonia et l’opérateur du 18.

Elle fait les cents pas, allant du bout du couloir à la cuisine.
« Le digicode, oui je vous le donne. Je m’en souviens plus, je le cherche ».

Sonia s’est arrêtée à côté de moi et s’énerve sur son téléphone.
« Je le trouve pas, c’est pas vrai. »

Ma femme perd ses moyens, je veux l’aider mais la douleur dans ma tête complique tout.
Je ferme les yeux, j’inspire profondément puis je me concentre pour articuler: « Sonia, reste calme et ne panique pas. Ecoute moi, et répète après moi. Le code est 7, 5, 3, 6, 9. »

Le temps semble long

Je ne peux plus dire un mot, je reste les yeux fermés, je souffre.

Au téléphone, le médecin demande à me parler. J’ouvre les yeux, tandis que Sonia me passe son mobile que je colle sur mon oreille gauche.
Médecin : « Monsieur, vous m’entendez? »
– « Oui »
–  » Restez calme, les pompiers sont en route. Comment vus sentez-vous? »
–  » J’ai terriblement mal à la tête et je n’arrive pas à parler. »
– « D’accord, restez en ligne. […] Je vais raccrocher, dîtes aux pompiers que le médecin du SAMU est en route ».
– « OK ».
Je n’arrive même plus à dire merci, je laisse glisser le téléphone sur le sol.

Je ferme à nouveau les yeux et tente de concentrer toute mon attention sur le moment présent.

Qu’est-ce qui fonctionne? Qu’est-ce qui déconne?
Dans ma tête, je peux encore penser au moins.

J’ai l’impression que ma respiration devient difficile et je commence, sans m’en rendre compte, à me concentrer sur mes inspirations et expirations.

J’entends une sirène. Sonia ouvre la porte qui donne sur le palier, puis elle se met dans l’encadrement. Son regard fixe alternativement l’ascenseur puis moi, gisant dans le couloir.

J’attends, je respire, je demande à mon cerveau d’évacuer la douleur.
J’attends. J’attends.
Sonia a du partir à leur rencontre car la porte d’entrée se referme lentement toute seule.
Sur le palier, j’entends des voix. J’attends, j’entends.

Soudain, la porte s’ouvre et six pompiers entrent. Je capte, à l’envers, quelques visages.

Les secours sont là.

Je me souviens que le premier à franchir le seuil s’est exclamé: « Ah oui d’accord… c’est vous qui vous êtes mis comme cela monsieur? »- « Oui, en rampant. Le dispatcheur du 18 vous fait dire que le médecin du SAMU est en route ».
– « Ah d’accord ».

Je ne me rappelle pas du dialogue qui suit entre ce pompier et Sonia. J’ai trop mal, toujours ce courant dans ma tête. Il m’est impossible d’arriver à me concentrer plus que quelques dizaines de secondes et maintenant mon oeil gauche me gratte.

Je soliloque : « Francis, repose toi, prend de l’énergie, lâche prise sur cette douleur électrique, tu ne peux rien y faire ».

La porte d’entrée s’ouvre une nouvelle fois, c’est le médecin du SAMU: « Qu’est-ce qui vous arrive monsieur? ».

Je suis fatigué alors je prends encore une profonde inspiration et m’élance.

« Je neheu contrôleu plus ma j-j-jambe (souffle, respiration) et mon bras droit. Et jeheu n’arrriveu pluhu aha paharler »

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